Selon la quatrième... la plaie ouverte dans l'eau par l'immersion de la couronne se referma... Toute découverte est un retour à l'origine : selon le récit même de la Genèse, la création est l'acte de séparation, dans le chaos, où tout préexiste, incréé car indistinct, par le verbe : Dieu sépara la lumière des ténèbres, la lumière il la nomma jour, les ténèbres nuit, et ce fut le premier jour, ce fut la première nuit. Pour créer, il faut revenir avant la création, au temps de l'inséparation, de l'indistinction du soi et du monde, revenir à l'océan primordial d'avant la différenciation entre les genres, entre les espèces. Archimède voit le jour avant de venir au jour, plongé dans le liquide amniotique, relié par le rêve, le bain, le mythe, à l'état d'avant naissance où, inséparé de sa mère-le-monde-liquide, l'enfant curieux et l'Univers sans mot sont le chaos fusionnel.
Demeure l'empreinte inexplicable d'un feuillage d'or invisible dans l'eau opaque, une flaque sous le baquet, inexplicable. La légende essaye d’expliquer l’inexplicable. Comme elle vient d’un fond de vérité, elle doit revenir à l’inexplicable.
— ENTRE DEUX MIROIRS — INTRODUCTION À LA BIBLIOTHÈQUE DES MYSTÈRES
Deux miroirs semi-transparents : l’un cache derrière lui les tréfonds de votre esprit, l’autre fait écran entre l’Univers et vous. De multiples reflets de motifs lumineux vous submergent.
Ces taches rouges sur l’écran sont-elles les restes d’une galaxie morte, lointaine de plusieurs millions d’années-lumière, qui se consument, ou bien votre vision mentale, éblouie par les braises rougeoyantes de peurs et de désirs reptiliens, vieux de plusieurs millions d’années, dans une chambre cachée de votre cerveau ?
Perdu… ...mais scrutant profondément les ténèbres de l’espace anonyme, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de ce que vous appelez « moi-même », vous percevez des chuchotements sans son, des visions sans lumière – l’Univers –, se reflétant dans les miroirs des esprits des autres, essayant de vous parler dans un langage fait d’invisibles et silencieux cordons de symboles hiéroglyphiques.
Douloureusement, avec effort, presque comme dans un rêve, vous vous apercevez que les symboles sont des mots, et les miroirs des livres. Vous entamez la lecture, et votre conversation avec l’Univers commence.