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A complete life may be one ending in a so full idenfication with the non-self, that there is no self to die.
Exergue de «la passion selon G.H»., de Clarice Lispector
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[...] tel un aveugle qui, ses yeux s'ouvrant enfin, entreverrait —mais quoi ?—
Un triangle muet et incompréhensible.
Se sentirait-il moins aveugle, cet aveugle, de voir un triangle incompréhensible ?
[...] et si je regarde l'obscurité à la loupe, verrai-je autre chose que l'obscurité ?
Et si je regarde la lumière à la loupe, je verrai seulement dans un choc une lumière plus violente.
J'ai entrevu, mais je suis tout aussi aveugle qu'avant, car j'ai entrevu un triangle incompréhensible.
Il me faudrait, pour voir, me métamorphoser en un triangle, qui dans le triangle incompréhensible,
déchiffrerait ma propre source et mon double.
Clarice Lispector, La passion selon G.H.
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— ENTRE DEUX MIROIRS —
INTRODUCTION À LA BIBLIOTHÈQUE DES MYSTÈRES
Deux miroirs semi-transparents :
l’un cache derrière lui les tréfonds de votre esprit, l’autre fait écran entre l’Univers et vous. De multiples reflets de motifs lumineux vous submergent.
Ces taches rouges sur l’écran sont-elles les restes d’une galaxie morte, lointaine de plusieurs millions d’années-lumière, qui se consument, ou bien votre vision mentale, éblouie par les braises rougeoyantes de peurs et de désirs reptiliens, vieux de plusieurs millions d’années, dans une chambre cachée de votre cerveau ?
Perdu…
...mais scrutant profondément les ténèbres de l’espace anonyme, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de ce que vous appelez « moi-même », vous percevez des chuchotements sans son, des visions sans lumière – l’Univers –, se reflétant dans les miroirs des esprits des autres, essayant de vous parler dans un langage fait d’invisibles et silencieux cordons de symboles hiéroglyphiques.
Douloureusement, avec effort, presque comme dans un rêve, vous vous apercevez que les symboles sont des mots, et les miroirs des livres.
Vous entamez la lecture, et votre conversation avec l’Univers commence.
Misha Gromov.
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Dialogue entre Napoléon et Pierre-Simon de Laplace,
au sujet du « système du monde».
N: — Monsieur de Laplace, votre travail est excellent, mais je ne trouve pas dans votre système mention de Dieu ?
L: — Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse.
N: — C'est pourtant une belle hypothèse, qui a le mérite d'expliquer beaucoup de choses...
L: — Cette hypothèse, Sire, explique en effet tout, mais ne permet de prédire rien.
En tant que savant, je me dois de vous fournir des travaux permettant des prédictions.